Les premières traces de l'occupation humaine sur le territoire ornais, menhirs et sites de camps antiques, remontent à la
préhistoire.
Au IXe siècle avant J.C. arrivent les tribus celtes des Lexoviens et des Aulerques.
Entre 60 et 50 avant J.C. les armées romaines occupent la région, rattachée à la Gaule Lyonnaise puis à la Deuxième Gaule Lyonnaise dirigée depuis Rouen.
Au IVe siècle le christianisme s'implante probablement avec Saint-Latuin, le premier évêque de Sées. Le diocèse de Sées occupe le tiers de l'actuel département tandis que le Passais relève du Mans, le nord du Bocage de Bayeux, Vimoutiers de Lisieux, les confins percherons de Chartres.
Après le passage des invasions barbares (Ve siècle) des Saxons, Suèves et Vandales, les Francs s'emploient à rétablir l'ordre : englobé dans la province de Neustrie, le comté d'Hiémois (Exmes) occupe une large partie du pays ornais.
A partir du VIe siècle, les paroisses se multiplient sous l'impulsion des ermites et défricheurs, venus des abbayes de la Loire, tels Saint-Céneri, Saint-Evroult, Saint-Front.
Dès 870, les raids des bandes normandes, qui remontent les fleuves côtiers, dévastent villages et monastères.
Des châteaux forts s'élèvent à Exmes, la Perrière ; des chefs locaux s'appuyant sur la possession d'un site défensif imposent l'hérédité de leur charge, donnant Naissance au régime féodal.
Les ducs de Normandie ne prennent le contrôle des terres ornaises qu'au milieu du Xe siècle. Face à eux, la famille de Bellême se taille une vaste principauté de plus de 100 kilomètres, de Bellême à Domfront, qui conserve son indépendance pendant un siècle. Hormis le comté du Perche rattaché en 1226, l'ensemble de la Normandie est annexé à la couronne de France en 1204.
La guerre de Cent Ans rend au sud de la province son rôle stratégique : à partir de 1417, les Anglais s'emparent des places fortes d'Alençon, Domfront, Argentan et installent des fonctionnaires chargés d'administrer le pays.
La libération en 1449 amorce une période d'intense reconstruction d'églises, manoirs et villages surtout sous l'impulsion de la duchesse d'Alençon, Marguerite de Lorraine.
Au début du XVIe siècle, le duché d'Alençon devient un des grands fiefs du royaume.
Marguerite de Navarre, sœur de François Ier et veuve du duc Charles, est un symbole de la ReNaissance en accueillant dans son château humanistes et protestants.
Les guerres de religion provoquent de violents et cruels combats entre les partisans des protestants Montgomery et Coligny et ceux des ligueurs Guise et Mayenne.
Le XVIIe siècle confirme la prédominance d'Alençon devenu le siège d'une généralité comptant près de 1300 paroisses et s'étendant jusqu'à Lisieux, Bernay, Nogent le Rotrou.
Colbert y favorise l'installation d'une manufacture de dentelles du point d'Alençon.
Des Percherons, à la suite de Robert Giffard, vont s'embarquer pour le Québec et peupler l'Amérique du Nord.
Au XVIIIe siècle l'agriculture, les forges et l'activité textile connaissent un essor nouveau.
Cependant, les mauvaises récoltes et la crise sociale conduisent à la Révolution de 1789 : les émeutes frumentaires, les attaques de châteaux et les révolutions municipales précèdent la réorganisation administrative de 1790.
Le département de l'Orne est créé avec ses districts, ses cantons et sa nouvelle administration ; Alençon obtient la place de chef-lieu.
A l'accueil favorable de la Révolution en 1789-1790 succèdent la déception et l'apparition de la chouannerie, surtout dans le Bocage et le Perche, animée par Louis de Frotté jusqu'en 1800.
Le Consulat et l'Empire ramènent le calme sous l'autorité du préfet Lamagdelaine et des sous-préfets d'Argentan, Domfront et Mortagne au Perche.
En 1811, les Ornais accueillent l'Empereur de passage à L'Aigle, Argentan et Alençon.
Plusieurs habitants du département s'illustrent au service de Napoléon : les généraux Bonet et Enouf, le médecin Desgenettes.
En 1815 l'occupation prussienne dure plusieurs mois. Sans enthousiasme lors de la Restauration et de la Monarchie de Juillet, les Ornais accueillent favorablement l'avènement de Napoléon III. Le Second Empire voit l'arrivée du chemin de fer (Paris-Granville et Caen-Le Mans) et l'apogée des campagnes.
Pendant la guerre de 1870 l'Orne subit la présence des Prussiens après de durs combats autour de Rémalard et Alençon : la libération du territoire intervient après paiement de lourdes contributions.
La fin du siècle connaît un nouvel essor industriel avec l'exploitation des forges du Bocage, le développement de la sidérurgie et de la métallurgie dans le pays d'Ouche, du textile à Flers et à la Ferté-Macé.
L'Orne conserve une orientation politique modérée : le député et le ministre A. Christophle encourage le thermalisme à Bagnoles de l'Orne.
Pendant la Grande Guerre, les Ornais paient un lourd tribut humain. Dans les années 1920 l'Alençonnaise Thérèse Martin est canonisée ; l'ancien président de la République Millerand, devient sénateur de l'Orne.
Dès juin 1940, l'Orne est occupée par les Allemands malgré des tentatives de retardement dans le pays d'Ouche et le Perche. La résistance s'organise et se fédère autour du commandant Desmeulles chef des F.F.I. de l'Orne. Les combats de la Libération occasionnent des destructions considérables à Flers, Argentan, Vimoutiers et beaucoup de pertes humaines dans la poche de Chambois.
Les forces de la 2eme D.B. du général Leclerc libèrent Alençon en août 1944.
L'après guerre est marqué par la reconstruction des villes et le renouveau agricole et industriel jusque dans les années 1970.